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GOURDON, Frédérique.jpg

Les invisibles 4, 2021
toile de lin encrée, détissée et fils cousus, 157 x 108 cm

GOURDON, Frédérique
    frederiquegourdon1@gmail.com
    94120 FONTENAY-SOUS-BOIS
    site

La fibre végétale, la toile de lin et le papier sont les matériaux de prédilection de Frédérique Gourdon. Sa pratique consiste à détramer la toile et utiliser les fils de trame ainsi extraits, avec des fils de coton et de l’encre de Chine, pour réaliser des dessins qui déstructurent l’espace, le muant en une sorte de peau fragile et diaphane qui évoque la fragilité et l’inexorable usure du temps.
     Elle souligne le caractère organique de sa démarche quand elle déclare : « Mon travail est le fruit de transformations par couches successives, comme l’arbre façonne ses anneaux. Ce temps du chemin est indispensable à la progression de l’évasion, et à la fixation de l’éphémère. »
     On ne peut s’empêcher de lire ses œuvres comme des images d’une peau qui aurait été arrachée – renouant ainsi avec la symbolique du mythe de Marsyas ou avec les représentations de la dépouille de saint Barthélemy – sur laquelle subsisteraient les traces de vaisseaux sanguins.
     L’empreinte du temps sur la nature qui nous environne est au cœur de ses préoccupations. Pour elle, l’œuvre, dans le processus de son élaboration comme dans celui de sa lecture par le regardeur, requiert un cheminement indispensable, un investissement personnel, un engagement… Ce n’est qu’au prix de cet effort que peuvent émerger de nouveaux espaces poétiques, des pistes pour une investigation autre du monde, une ouverture vers des perspectives insoupçonnées, sources de remise en cause des carcans des conventions de tous types.
     Il nous est ainsi proposé, à l’instar du détramage et du retissage de la toile, une démarche de déconstruction du monde sensible et de sa reconstruction selon des règles et des critères qui échappement aux normes communément admises. En suivant le fil conducteur de la trame et du dessin au trait, nous sommes invités à emprunter des passages inexplorés, à vivre des errances enrichissantes, à appréhender nos propres fragilités, à prendre conscience de l’usure du temps…

LD