Cosmogonies, 2017 Laure JULLIEN Dans ses vidéos, Laure Jullien se propose de chambouler nos habitudes sensorielles. Chez elle la lumière se mue matière et la matière en lumière : les volumes n’arrêtent plus la vision et la lumière devient un obstacle opaque que le regard doit contourner. Plus généralement, elle se plaît à souligner l’écart entre perception et ressenti, entre construit et immatériel. Pour arriver à ses fins, elle recourt à des outils numériques qui transforment le réel en fiction pour permettre de le mieux penser et de le remettre en question. Chez elle, ce sont les lumières colorées qui nous livrent le récit onirique d’une matière transfigurée, dont la nature – translucide, opaque, lisse, rugueuse… – reste insaisissable et fluctue au moment même où l’on pense l’avoir saisie. Impossible, alors, pour le spectateur de se positionner, de prendre parti, de formuler un jugement quelque peu rationnel. Plus rien n’est définitif. Les certitudes les mieux ancrées commencent à vaciller. Tout est devenu virtuel, au sein d’un espace-temps rendu éphémère. La porosité est omniprésente, se substituant aux habituelles lois de la physique. Archimède, Newton, Carnot, Cauchy, Kepler, Einstein sont relégués… au rang des radoteurs… |
LD