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Visiblement Gris, Impermanence III

Nicolas Beaud
    nicolas.beaud@free.fr
    75018 PARIS
    site

Depuis plusieurs années, Nicolas Beaud tente d’épuiser la thématique du mélange de couleurs primaires en quantités égales pour donner, par synthèse additive, du gris, non-couleur, au même titre que le blanc et le noir.
Après avoir longtemps procédé en superposant, dans un processus minutieux faisant penser au travail du laqueur, des couches de couleurs uniformes sur des toiles, Nicolas Beaud s’est approprié une technique plus mécanique, remplaçant la peinture par la superposition de trois ou quatre films en gélatine colorée, des filtres.
Les premières pièces à base de filtres étaient planes avec, parfois, des découpes en forme de lucarnes ou d’anneaux dans les différentes épaisseurs, comme des témoins d’étapes intermédiaires dans le processus de recouvrement. On pense à ces marques de couleurs que les imprimeurs laissent dans les marges des épreuves pour étalonner leurs machines. Petit à petit, les Filtres de Nicolas Beaud ont acquis une troisième dimension. Les planches colorées partagent une arête commune et s’ouvrent en éventail, constituant un volume, parfois monumental, en forme de… prisme… Mais ce prisme est, en fait, un anti-prisme optique. Il ne diffracte pas la lumière mais la condense, un peu à la façon dont les trous noirs des astrophysiciens ont un champ gravitationnel si intense qu’il empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s’en échapper. On peut en faire le tour et, en quelque sorte, démonter intellectuellement le processus de synthèse additive du gris, en obtenant, par des positionnements successifs autour de la pièce, des effets d’irisation ou d’interférences…
L’installation présentée est la troisième version de Visiblement Gris, Impermanence. Cette série rejoint les principaux enjeux de la pratique de la peinture de Nicolas Beaud, où il s’agit de superposer de nombreuses couches de glacis colorés sur de la toile afin d’atteindre une lente et progressive grisification de la surface. Pour ces installations, le processus de fabrication des gris se simplifie, se radicalise, se transpose dans l’espace tridimensionnel. Le spectateur est invité dans cet espace de contemplation où les gris varient avec son déplacement, où les formes se meuvent en autant de variations imprévisibles.

LD