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Installation dans l’atelier

Louisa Marajo
    marajolouisa@gmail.com
    77700 SERRIS
    site

Louisa Marajo se revendique dans la descendance de Kurt Schwitters et de son Merzbau. Elle se plaît à citer son aîné quand il déclare « On peut, avec un but, détruire un monde et, par la connaissance des possibilités, construire un monde avec des débris… » Elle a fait de son atelier le sujet et l’objet de ses œuvres. Ce sont des installations évolutives, qu’elle qualifie d’Atelier dynamique, qui présentent et mettent en relation des éléments apparemment hétéroclites, peintures, dessins, photographies, tous confinés dans des camaïeux de gris.
     Ni diorama ni chantier ni même mise en scène ou tableau vivant, mais peut-être un peu tout cela à la fois, ces espaces chaotiques mettent en abyme la peinture, l’acte de peindre. Certains des éléments assemblés sont des toiles qui figurent les outils du peintre : palette, toile, tréteau, marteau, châssis… D’autres sont ces mêmes objets couverts de peinture. Il en résulte un propos à caractère narratif qui met en avant le geste pictural et sa fragile émergence. La peinture interroge ici sa propre histoire… La dimension temporelle n’est pas absente, historique mais aussi comme témoignage de l’éclatement d’un monde qui a atteint ses limites. Chacun des fragments éparpillés devient alors un nouveau monde en soi, dans lequel le regard peut se plonger, en un processus d’immersion qui peut être irréversible.
     Le temps est aussi très présent dans le processus d’accumulation, d’envahissement progressif d’un espace avec des objets appartenant à différents registres mémoriels, à diverses temporalités ou phases du mouvement créatif. Il en résulte un flux continu d’informations et d’images, que le spectateur peut suivre du regard ou remonter à contre-courant ou en zigzaguant en faisant fi de tout écoulement temporel. Cette volonté de désorientation visuelle constitue aussi une belle métaphore de la confusion sociale de notre époque.

LD