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Primäre Spannungen - (Ge)Dichte / Tropfstein Bronze

Jules Andrieu
    contact@julesandrieu.fr
    D76185 KARLSRUHE
    site

Jules Andrieu est sculpteur et travaille sur les formes de tensions, qu’elles soient corporelles (tensions physiques), sonores ou primitives (tensions primaires / primäre Spannungen en allemand). Son travail est une suspension, une compression du temps, une création de petits univers dont chaque œuvre est le noyau. Il essaie d’accéder à des dimensions autres que celles de l’espace euclidien tridimensionnel, des contingences terrestres. La série présentée est d’une grande violence, de par sa réalisation, le risque qui habite certains blocs, la pression physique des serre-joints sur la matière... C’est une résistance à la gravité, une défiance. Cette violence renvoie naturellement à société occidentale qui s’autodétruit, est mal organisée et écartelée entre ses castes politique, sociales, morales...
     Dans sa série des Tensions primaires, les pierres naturelles ou leurs ersatz en métal, sont mises en suspension, parfois sanglées ou maintenues par des serre-joints. L’artiste veut mettre en évidence l’état primitif de la matière, ses blessures, ses cicatrices, ses fissures, ses marques d’usure… Il s’agit, en quelque sorte, d’effectuer un constat préalable à une opération de réparation, de reconstruction. Le processus de suspension alimente un malaise. Si l’on assimile la masse suspendue à un corps humain, on ne peut s’empêcher de faire des rapprochements avec une exécution capitale par pendaison, avec un fœtus attaché par son cordon ombilical ou avec le Shibari. Si l’on s’en tient à son statut de matériau inerte, il subsiste le risque de la chute, par rupture des amarres ou desserrement des serre-joints. Dans les deux cas, ces pièces génèrent un inconfort qui persiste, même après une longue observation.
     Les Concrétions renvoient au long processus d’accumulation du calcaire dans les grottes. C’est, selon le propos de l’artiste, une métaphore de la compression du temps. Ce sont aussi les reliques d’une forme de violence visant à incarcérer un organe pour le contraindre. Toute cette violence latente est porteuse de significations multiples. Retenons celle que l’artiste lui donne : « Je comprends l’absorption de la pierre comme un pardon, une grande tolérance face à son destructeur. Ce point est pour moi un symbole du Big Bang qui est prêt à éclater ; les serre-joints montrent une explosion passée qui s’est résorbée. »

LD